C'était assurément un projet séduisant que
d'entreprendre la publication même partielle, du fameux Liber Familiarum
ou livre des Lignages de J.B. Houwaert, le plus consulté des registres
du Cabinet des Manuscrits de la Bibliothèque Royale, et dans lequel l'ancien
secrétaire de la ville de
Bruxelles, sur base des registres aux contrats du greffe de la ville, détruits
depuis dans le bombardement de 1695, a dressé les généalogies
des familles patriciennes de Bruxelles.
Ce n'est cependant que sur les instances pressantes du directeur de Brabantica que j'ai accepté qu'il publie les transcriptions que j'avais faites des généalogies des familles dont des membres étaient inscrits en 1376 au Lignage de Coudenbergh. En effet, j'avais constaté plusieurs erreurs certaines. M. de Cacamp s'est efforcé de les réduire en procédant à de vastes fouilles dans les Libri Probationum, non exbaustives cependant. Il a aussi complété mes transcriptions, que j'avais généralement arrêtées au XVe siècle.
A sa demande, j'avais entrepris, pour le présent tome de Brabantica,
le même travail pour les familles du Lignage de t'Ser-huyghs. En effet,
il
s'était avéré que maint chercheur trouvait heureux et commode
de posséder à domicile des parties importantes du Liber Familiarum.
Malheureusement, de nouvelles erreurs flagrantes se sont manifestées et il nous est apparu, à M. de Cacamp comme à moi-même, qu'une révision approfondie et même un travail sur d'autres bases s'imposait. Ce qui fait le prix inestimable de l'oeuvre de Houwaert, c'est moins la quantité énorme de généalogies - surtout bruxelloises - qu'il a dressées, ce n'est même pas tant les nombreux renvois à ses livres de preuves dont chaque degré de filiation est accompagné, mais ce sont les livres de preuves eux-mêmes où, année par année, sexterne par sexterne, page par page, il a fait l'analyse généalogique des actes contenus dans les registres aux contrats du greffe scabinal de Bruxelles ou d'un grand nombre d'entre eux.
Ce serait d'ailleurs une erreur de croire que les renvois faits par Houwaert à ses livres de preuves soient complets. Il a, dans ses Libri Probationum, analysé bien plus d'actes concernant les familles qu'il traite, que ceux qu'il mentionne et n'a pas toujours tenu compte des données de tous. Il n'était donc pas question, pour faire un travail sérieux, de se borner à vérifier les sources citées par Houwaert, maie il fallait parcourir, page par page, les 15 ou 19 livres de preuves, en relevant les mentions intéressant les familles à traiter. Bien que Houwaert ait reporté en marge les noms figurant au texte, c'est là un très long travail. Je l'ai éprouvé pour l'avoir fait pour d'autres familles et je ne dispose pas de loisirs me permettant d'entreprendre ce vaste labeur, de le mener à bien dans le délai requis pour la parution de Brabantica III par un patient travail de confrontation des textes, et de lui donner son couronnement en dressant des généalogies correctes et solidement établies. Aussi, quoi que j'en aie, il m'a fallu laisser à M. de Cacamp le soin de le faire.
Un travail de généalogiste sérieux requiert beaucoup de patience, d'attention, de minutie et d'esprit critique. Il rebuterait, j'en suis convaincu, maint historien. Les qualités que nous connaissons au directeur de Brabantica nous sont un gage de la valeur de son travail. H convient cependant d'observer que le contrôle des crayons dressés par Houwaert n'a été effectué que pour le XIVe et partiellement pour le XVe siècle, c'est à dire pour la période où les filiations sont les plus difficiles à établir. La généalogie Cassart a dû être entièrement refaite. Les généalogies des familles Vêle dit Rongman, van der Roosen et Ansems ont été sensiblement modifiées.
Dans la mesure où il s'écartait du texte du Liber Familiarum, M. de Cacamp aurait souhaité fournir non seulement les références aux analyses de Houwaert, mais le texte même de ces analyses, comme il l'a fait pour les premières générations de la généalogie Cassart. Mais citer textuellement toutes les analyses utilisées, eut été doubler ou tripler le volume de cette publication : pour la seule famille Cassart, ces extraits sont au nombre de plus de 300. Partout où il s'écarte du texte de Houwaert, les références aux extraits justifiant ces écarts sont fournies en note.
De ce qui précède, il résulte que les généalogies du lignage t'Serhuyghs établies cette année présentent des garanties d'exactitude sensiblement plus grandes que les transcriptions de Houwaert publiées l'an passé, bien qu'on se fût efforcé d'en corriger les erreurs manifestes. Ce n'est pas d'ailleurs que les généalogies dressées par Houwaert doivent être tenues pour de nulle valeur. Il s'en faut de beaucoup. Si elles comportent quelquefois des « erreurs d'aiguillage », dues au travail parfois trop rapide du fécond et laborieux généalogiste que fut Houwaert, elles n'en donnent pas moins une image probe et sérieuse des familles traitées, et n'ont rien de commun avec les fallacieux et complaisants factums des rois d'armes.
La publication de cette année présente une autre amélioration de valeur. Nous y avons inséré les fac-similé des sceaux de tous les échevins des familles traitées, d'après le ms.II 6541 du Fonds Houwaert. On ne connaît guère ce registre, qui donne les listes des membres du Magistrat, telles que Houwaert a pu les reconstituer, c'est-à-dire très partielles pour le XIIIe siècle, mais complètes ou peu s'en faut à partir de 1300 jusqu'à la mort de l'auteur en 1688, et en marge desquelles il a dessiné, en général très soigneusement, les sceaux des échevins. A partir de 1300, cette collection de dessins de sceaux d'échevins est pratiquement complète et constitue donc pour la sigillographie de Bruxelles une source essentielle, unique et peu connue. Presque tous les dessins sont accompagnés de la mention H.S. (habeo slgiUum) ou V.S. (vidi siglllum), attestant que Houwaert possédait - sans doute dans les archives de la secrétairerie de la ville - ou au moins qu'il avait vu ces sceaux. Lorsqu'une personne fut échevin plu sieurs fois, Houwaert donne le sceau sous sa première magistrature et mentionne souvent quelle est l'année de l'acte sur lequel il a copié le sceau. Ce précieux registre contient encore des notes sur l'ordre dans lequel les échevins figurent dans les actes, ce qui donne leur rang d'ancienneté et permet de se rendre compte si un nom qui revient est celui du même personnage ou d'un homonyme, puisque, à part les chevaliers qui figurent toujours en tête de la liste, les échevins étaient nommés dans les actes dans l'ordre de leur première nomination à la fonction. Houwaert y a ajouté pour certaines périodes- en partie par déduction, en allant du connu à l'inconnu - le Lignage de chacun ou de la plupart des échevins. Enfin, on trouve dans ce registre, moins complètes cependant que celles des membres du Magistrat, des listes de doyens et de « huit » de la Gilde drapière, qui sont inédites. Il constitue donc une documentation d'une valeur exceptionnelle.
Anne de Molina a bien voulu se charger de transcrire, d'après le Liber Familiarum, la généalogie Clutinc, sans toutefois se référer directement aux registres de preuves, comme il Veut fait certainement, si la suggestion lui en eût été faite en temps utile.
Quant à la généalogie Meerte, M. le Président Goffin, qui en a entrepris l'étude depuis longtemps, en a soigneusement vérifié la structure, au moyen des preuves de Houwaert mais aussi en faisant appel à des actes originaux, notamment au fonds des archives de l'Assistance Publique de la ville de Bruxelles.
La généalogie de la famille Pipenpoy, publiée il y a quelque vingt-cinq ans par le Dr Jan Lmdemans, a fait l'objet d'une réédition, revue et augmentée en 1953. Il a donc paru inutile d'y revenir.
Pour la même raison a été laissée de côté la généalogie de la famille Eggloy à laquelle sera prochainement consacrée une étude généalogique et historique de Mlle Jacqueline Vandervelde, à paraître dans les Cahiers Bruxellois.
La généalogie de la famille van der Noot, qui a d'ailleurs fait l'objet de plusieurs publications, devenues il est vrai introuvables, sera mieux à sa place, éventuellement, dans le cadre du lignage Steenweegs.
H.C. van PARYS.